ministère des femmes

Sverdlov a écrit:Pour préciser nos positions sur ce sujet, il faudrait prendre le temps de retracer l'histoire des modes de production humains à travers les ages. Mais contentons nous ici de résumer brièvement l'histoire de la famille, et par ce biais la progressive alienation de la condition féminine.
Revenons pour cela aux stades préhistoriques de la civilisation, ceux que les anthropologues connaissent de par l'archéologie et l'observation des dernières tribus existantes en marge du monde moderne.

Avant que les relations sexuelles ne soient reglées par des lois (interdiction de différents degrés d'inceste, arrangement des mariages...), la paternité ne pouvait être attribuée de manière certaine et le seul moyen d'établir la filiation était donc la maternité. La famille, et donc la descendance était à ce moment universellement en ligne féminine (de droit maternel).
On accordait donc aux femmes, en conséquence, le plus haut degré de prestige, ce qui pouvait aller, par endroit, jusqu'au matriarcat. Ce n'est qu'au passage au mariage conjugual strict que la filiation a pu passer en droit paternel, mais comment et pourquoi cet usage traditionnel a t'il été renversé?
A cette époque donc, est encore en vigueur ce que des auteurs appellent "communisme primitif". Les groupes humains sont encore peu peuplés et la production reste limitée au minimum vital: pas de surplus permettant le commerce (autre qu'un troc de faible ampleur). Les dirigeants sont le plus souvent élus: un chef en temps de paix et un chef de guerre fixe. Les "unités familiales" sont alors regroupées dans des grandes batisses communes. Les femmes occupent le roles d'autorité pour les affaires internes à ces batisses, tandis que les hommes s'occupent de la production alimentaire et la défense du territoire. Les autorités sont donc partagées et également respectées comme étant au bénéfice de la societé toute entière.
Vers le stade moyen de la barbarie, certains évolutions techniques ont permis un accroissement de la production alimentaire et artisanale, et par la même un surplus. Les traditions s'en vurent donc secouées: certains producteurs se retrouvèrent en position d'accumuler des produits, du pouvoir, et enfin le moyen de concrétiser leur avantage par la Loi.
Or, comme expliqué plus haut, seuls des hommes ont pu profiter de ces évolutions économiques dues à l'accumulation: le role occupé par les femmes jusqu'alors, bien que vital, ne le permettait pas! L'enjeu de la transmission filiale était devenue central et fut donc modelé par les bénéficiaires de ce nouveau pouvoir: la filiation maternelle fut donc progressivement remplacé par le mariage apparenté, puis le régime marital strict.
Dès lors, le role social attribué aux femmes (gestion des habitations communes) passa dans le giron "privé" et se cantonna bientot uniquement à la gestion des habitations, devenant peu à peu individuelles. Quand peu à peu, les domaines attribués aux hommes permettaient à certains d'étendre leur influence sur les groupes humains se développant, les domaines attribuées aux femmes ne firent que se restreindre et sortirent du domaine public, perdant ainsi la reconnaissance en tant que travail.
Il est difficile d'entrer dans plus de détails dans un fil de discussion limité comme celui ci et j'espere que vous m'excuserez les raccourcis employés. Je peux toutefois vous conseiller la lecture de quelques ouvrages sur le sujet:
-"Les Origines de la famille, de la proprieté privée et de l'Etat" par Friedrich Engels
-"Ancient Society" par Lewis Morgan
-"Droit Maternel" par Johann Bachofen

Vous l'aurez compris, la contradiction en jeu ici est celle du travail d'intérêt "public" et du travail "domestique".
Au premier on reconnait une valeur pour la societé entière, quand l'autre est renvoyée à un intéret simplement personnel, privé.
Pourtant les femmes de ménage et les employés d'aide à domicile sont rémunérés et leur travail est donc consideré comme "public", alors où est la frontière?
La clé se trouve ici dans le fondement même du mode de production: ce n'est pas la societé toute entière qui, démocratiquement, décide de ce qui est à son bénéfice, et de ce qui ne l'est pas. Les taches ne sont pas distribuées selon des intérets idéaux, mais selon ceux d'une classe en particulier: celle des capitalistes, qui, par définition, emploient la force de travail.
Prenons ici un exemple: la femme de ménage ne voit son labeur récompensé que si elle est employée par quelqu'un, par un autre foyer. Quand elle effectue la même tache dans son propre foyer, théoriquement au même bénéfice pour la societé, elle ne touche rien.
C'est donc bien là une contradiction interne au capitalisme, que seul son dépassement permettra de résoudre.
En chemin il nous faut prendre garde aux illusions subjectivistes ("queer", théorie du genre, GPA...), niant l'existence des sexes comme réalité matérielle, mais plutôt comme simple "construction sociale", qu'il suffirait de modifier artificiellement.

Le programme du PCU repose donc principalement sur la prise en charge publique des taches domestiques. Nous devons accompagner par des mesures la mise en place du nouveau paradygme engendré par le nouveau mode de production, dont voici une liste non exhaustive:
-Egalité des congés parentaux entre les conjoints (en augmentant ceux paternels)
-Mise en place, dans les quartiers pavillonaires et dans les logements collectifs, de lieux communs dédiés à l'aide domestique (aide aux devoirs, laveries collectives, entretien... ). Les habitants impliqués verront une réduction de leur loyer et des associations d'intérêt public seront financées à cet effet.
Madame Aubry a dejà mis en place un embryon de ce projet et je tiens à saluer ici son action (voire Plan Logement Aubry).
-Aides sociales pour les citoyens ne pouvant profiter de ces services, et développement d'aide domestique mobile d'Etat
-Gratuité des cantines scolaires et universitaires
-Grand plan de construction de crèches et fonctionnarisation de l'activité d'assistance maternelle
-Développement du télé-travail dans le secteur tertiaire et partout où c'est possible
-Augmentation drastique des moyens policiers contre les réseaux de prostitution. Proposition d'emplois publics aux prostituées et peines de prison incompressibles pour les proxenètes.

Pour conclure, l'institution même du mariage doit être repensée de fond en comble. Un contrat d'union libre sera créé, qui répondra aussi bien aux éxigences d'indépendance des époux qu'aux nouvelles nécessités socialistes en terme de transmission patrimoniale.
Merci de votre attention!